Archives du mot-clé Marcel Campion

Homophobe et injurieux, Marcel Campion n’amuse plus la galerie

7 AOÛT 2019 PAR HÉLÈNE CONSTANTY

Marcel Campion est prêt à tout pour faire parler de lui : rencontrer Alexandre Benalla, lui promettre un job. Mais aussi tenir des propos insultants envers la classe politique ou des magistrats.

L’un des talents de Marcel Campion est de savoir capter l’air du temps et de le médiatiser habilement à son profit. Il semble doté d’un sixième sens populiste, comme l’illustre son dernier coup médiatique, sa rencontre avec Alexandre Benalla.

Les deux hommes ont fait connaissance au printemps 2019, dans un casino de Deauville. Ils ont sympathisé et se sont promis de se revoir. En mai, ils déjeunent ensemble dans un restaurant parisien et c’est là que Campion, comme il le raconte lui-même, lance à Benalla : « On va faire un coup ensemble. »

Le 1er juin, Campion se fait filmer en compagnie de l’ancien conseiller du président Emmanuel Macron, devant un manège de la foire du Trône, présentant « Alexandre » comme son nouveau consultant en sécurité.

Diffusée sur Twitter, la vidéo a immédiatement été reprise dans de nombreux médias. Alexandre fera-t-il, comme annoncé, un audit de la sécurité de la foire du Trône ? Peu importe pour Marcel, qui a encore trouvé là une occasion de faire parler de lui.

Episode 4/4 de la série d’été sur Marcel Campion. A lire en intégralité dans Mediapart

Marcel Campion: un amour sans bornes pour l’argent liquide

4 AOÛT 2019 PAR HÉLÈNE CONSTANTY

Le roi des forains s’estime incompris et injustement incriminé. « Dans les manèges sur les foires, toutes les recettes sont en espèces. »

Àchaque interview, Marcel Campion place un couplet sur le thème « je suis harcelé par le fisc »« J’ai eu vingt-huit contrôles fiscaux » (Challenges, 2011) ; « J’en suis à mon 41e contrôle fiscal en trente-cinq ans » (Paris Match, 2016). Lors de notre entretien, le 21 juin 2019, le compteur a encore tourné : « Ma famille et moi, nous en sommes au 51e contrôle ! Depuis ma mise en examen par le juge Van Ruymbeke, le 31 mai 2017, sont arrivés en rafale neuf nouveaux contrôles fiscaux, non seulement pour moi, mais aussi pour ma femme, nos enfants ainsi que des contrôles d’URSSAF. »

Le roi des forains s’estime incompris et injustement incriminé. « Dans les manèges sur les foires, toutes les recettes sont en espèces. Je n’ai jamais vu de mères de famille payer pour leurs enfants en cartes ou chèques. »

Il fait mine d’oublier qu’il n’est plus, depuis longtemps, un petit propriétaire de manège de chevaux de bois, mais un chef d’entreprise millionnaire. Il omet de préciser que, si les clients règlent en espèces leur tour de grande roue, qui génère plusieurs millions d’euros de recettes par an, c’est que ses caissières n’acceptent pas la carte bleue. Pour faciliter les règlements en liquide, il prend d’ailleurs soin de faire installer deux distributeurs automatiques de billets (DAB) du Crédit du Nord sur chacune de ses foires, ainsi que sur le marché de Noël.

Episode 3/4 de la série d’été sur Marcel Campion, à lire dans Mediapart

Marcel Campion: un empire conquis par la force

1 AOÛT 2019 PAR HÉLÈNE CONSTANTY

Pendant des décennies, Marcel Campion a été traité comme un prince par les pouvoirs, de droite comme de gauche. Une position dominante acquise avec des méthodes de voyou.

Tout l’été, dans le jardin des Tuileries, Marcel Campion a le loisir de se remémorer sa première installation dans ces lieux, il y a presque un demi-siècle : « À l’époque, Paris n’avait même pas de maire. La capitale était gérée directement par l’État. » Le premier maire, Jacques Chirac, n’a été élu qu’en 1977, après avoir été premier ministre de 1974 à 1976, sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing.

L’idée de recréer aux Tuileries une fête foraine à l’ancienne, avec des manèges de chevaux de bois, a germé en 1975 dans la tête d’Yves Mourousi. Le journaliste, qui venait d’être nommé à TF1 (alors une chaîne publique), pour y présenter le journal de 13 heures, avait réussi à convaincre le ministre de la culture du gouvernement Chirac d’organiser plusieurs fêtes dans Paris. Et c’est ainsi que Marcel Campion, qui jouissait déjà d’une position dominante à la foire du Trône et régnait sur l’intersyndicale des forains, se vit confier l’organisation de la première fête des Tuileries.

Mais dès l’année suivante, en 1976, la nouvelle ministre de la culture Françoise Giroud interdisait l’événement, estimant que les manèges avaient dégradé le jardin. Campion et les forains parisiens réintégrèrent alors leurs terrains traditionnels : le bois de Vincennes pour la foire du Trône d’avril à mai, puis Saint-Germain-en-Laye pour la fête des Loges, de la fin juin à la mi-août.

Mais Marcel Campion avait pris goût au cœur de Paris et n’acceptait pas que les forains soient cantonnés aux lisières de la capitale. On leur refusait les autorisations ? Ils allaient les obtenir par la force !

Episode 2/4 de la série d’été sur Marcel Campion, à lire dans Mediapart

FIN DE RÈGNE POUR LE ROI DES FORAINS (1/4)

Marcel Campion contre Anne Hidalgo: la guerre est déclarée

30 JUILLET 2019 PAR HÉLÈNE CONSTANTY

Marcel Campion, le 8 novembre 2017, lors d’une manifestation devant les Galeries Lafayette. © Reuters

À bientôt 80 ans, Marcel Campion sera candidat aux municipales de 2020 à Paris contre Anne Hidalgo, qu’il adorait avant de la vouer aux gémonies. Une entrée en politique au goût de vengeance.

Trouver Marcel Campion à Paris, ce n’est pas compliqué. La grande table ronde centrale de La Guinguette, aux stores à rayures rouges et blanches, à l’entrée de la fête des Tuileries, dans les jardins du musée du Louvre, lui est réservée. C’est là que, du 21 juin au 25 août, hormis quelques jours de vacances dans sa villa de Saint-Tropez, le roi des forains reçoit ses amis, se tient informé des dernières nouvelles du monde des manèges et des autotamponneuses, et dit du mal d’Anne Hidalgo, la maire de Paris.

Lorsqu’il a lancé l’idée, sur un coup de colère, en janvier 2018, on a cru qu’il blaguait. Mais non. À 80 ans l’an prochain, Marcel Campion sera bien candidat aux municipales de 2020 contre Anne Hidalgo, qu’il adorait avant de devenir son ennemi le plus acharné. « C’est Bertrand Delanoë, le maire sortant, qui m’avait présenté Anne Hidalgo, fin 2013. Elle me répétait qu’elle adorait la fête foraine, qu’elle trouvait mon marché de Noël formidable. Elle était véritablement enchanteresse. Je l’ai soutenue pendant sa campagne. »

Ceci est le premier épisode (1/4) d’une série d’été, à lire en version intégrale dans Mediapart.